Votre panier est actuellement vide !
Un danger existentiel à venir ?

Les quatre cavaliers de l’apocalypse, Viktor Vasnetsov
Les I.A. sont-elles une rupture technologique, une révolution ? Absolument pas. Contrairement à ce que nous martèlent les entreprises qui les développent, côté utilisateurs et utilisatrices, les intelligences artificielles peinent à transformer nos vies ; côté développement et conception, nous avons vu qu’elles sont le fruit de techniques étudiées et développées depuis la naissance de l’informatique, dès les années 1950. Rien de bien révolutionnaire ou même inattendu, quoiqu’en dise la campagne de marketing orchestrée par OpenAI lors de la sortie de ChatGPT en 2022.
Sont-elles pour autant inoffensives et inintéressantes, si l’on fait abstraction de leur présence inévitable dans les conversations numériques ? La réponse à cette question est double. D’un côté, des personnalités, dirigeants et grandes entreprises des technologies et du numérique ont tenté de prévenir la société d’un énorme danger potentiel pour l’humanité, soutenant l’idée que le développement des IA pourrait rapidement mener à ce qu’ils appellent une singularité, un point de bascule, où l’intelligence artificielle deviendrait générale, c’est-à-dire capable de tout faire, y compris de s’améliorer elle-même, entrant dans une croissance exponentielle et incontrôlable.
« Atténuer le risque d’extinction provoquée par l’I.A. devrait être une priorité mondiale, au même titre que d’autres risques pesant sur la société toute entière, comme les pandémies et la guerre nucléaire. »1
Aussi dangereuse que soit une telle intelligence artificielle générale, elle pourrait alors, sous leur contrôle, entre leurs propres bonnes mains de géniaux ingénieurs, régler tous les problèmes de l’humanité2, ce qui justifierait la course dans laquelle ils s’engagent, afin d’atteindre cette I.A.G. au plus vite. Outre le fait que ces personnes et entreprises ne savent pas définir précisément les problèmes à résoudre en question, on peut sincèrement douter que leurs intelligences artificielles atteignent un jour ce point de bascule, tellement la technologie qui les sous-tend est encore loin de seulement approcher le fonctionnement du cerveau d’une poule, alors même qu’elle a déjà siphonné une quantité de données à peu près équivalente à l’intégralité de ce qui est disponible sur internet tout en consommant une énergie équivalente à celle de plusieurs dizaines de millions de cerveaux humains pour chacune des grandes I.A. développées.
Non, le danger n’est pas là, ce ne sont clairement que des gesticulations à visée purement communicatives et commerciales. Sans spéculer et se lancer dans un exercice hasardeux de prospective, nous pouvons tout de même noter que les intelligences artificielles statistiques paraissent heurter un plafond, après quelques brèves mais intenses années de développement fulgurant ; la mine de données disponibles à leur entrainement semble épuisée, alors que leur niveau, certes impressionnant, est cependant encore éloigné de la perfection attendue. Si un retour de l’approche symbolique et des méthodes logiques et analytiques pourrait sembler être une solution à la continuation de l’amélioration des intelligences artificielles en général, il est peu probable de voir un développement soudainement plus rapide dans ce domaine que ce qu’il a pu être dans les soixante années précédentes.
Il n’empêche que si les intelligences artificielles ne représentent pas un danger existentiel pour l’humanité, l’analyse que nous allons faire ici de leur impact va nous montrer qu’elles ne sont pas pour autant inoffensives ; sans être une rupture, nous allons voir qu’elles sont bien une nouvelle brique dans l’édifice du capitalisme ultra-libéral, libertarien et numérique, qui tend à s’imposer à la population mondiale, et amplifient des problèmes pré-existants. Par nos réflexions mettant en relation l’intelligence artificielle face à la créativité et l’intelligence humaine, nous allons voir comment, au-delà des problèmes graves mais connus d’organisation et d’exploitation du travail, économiques, démocratiques, et écologiques, l’I.A. pose aussi des questions philosophiques auxquelles il est urgent de réfléchir et d’apporter des réponses alternatives.
- « Mitigating the risk of extinction from A.I. should be a global priority alongside other societal-scale risks such as pandemics and nuclear war. » Déclaration signée en mai 2023 par de nombreux dirigeants et influenceurs des industries technologiques comme Sam Altman, Bill Gates, Elon Musk, etc. publiée par le Center for AI Safety, une ONG californienne ↩︎
- C’est-à-dire mettre fin au réchauffement climatique, soigner toutes les maladies, et abolir le travail. ↩︎
Soutenez-nous
Vos dons sont la seule source de revenus permettant à ce contenu d’exister, en complète indépendance, sans pub, sans sponsoring. Merci !
Laisser un commentaire