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I.A. statistique, trou noir philosophique – Préface

Black Hole with Accretion Disk Visualization, NASA
J’étais gamin dans les années 1990, et on avait la chance dans la famille d’avoir un ordinateur, et que l’aîné de la fratrie se passionne pour l’informatique. C’est le contexte dans lequel j’ai découvert le principe de la programmation, en BASIC1 à l’époque. Mes premières lignes de code étaient les simples input et output qui permettent d’échanger du texte entre le programme et l’utilisateur. J’ai rapidement eu l’envie de de créer un « agent conversationnel », un programme capable de discuter avec un humain, avec l’idée de lui donner l’apparence de l’intelligence (Et c’était pourtant bien avant que je n’entende parler du test de Turing pour la première fois), en prévoyant les questions, en y associant des réponses possibles grâce à quelques conditions et un contexte donné. J’ai assez rapidement compris que je pourrais faire usage de la force brute pour ce programme, c’est à dire en listant bêtement toutes les questions posssibles pour donner des réponses probables, mais cette piste ne m’intéressait pas. La méthode analytique, syntaxique m’intéressais bien plus, mais je ne savais pas du tout comment m’y prendre, enfant que j’étais ; c’est en tout cas ce qui a fait que bien plus tard j’ai fait du code une partie importante de mon métier créatif, par plaisir pour la méthode, l’analyse, la conception. Déjà à l’époque, si on m’avait dit d’utiliser la force brute j’aurais trouvé ça nul, inutile, inintéressant : c’est un travail ou le résultat compte plus que la méthode.
Adulte, j’ai abandonné des études scientifiques pour me rediriger vers le cinéma d’animation et je suis devenu animateur, réalisateur, auteur, sans jamais perdre ma curiosité pour la physique en particulier et mon intérêt pour les sciences en général. C’est sans doute ce qui explique qu’en parallèle de ma carrière artistique je suis revenu au code informatique et au développement d’outils utiles à mon travail artistique et à la production audiovisuelle en général. Je me considère aujourd’hui autant auteur que développeur, le point commun étant que ce sont deux activités qui mettent à l’épreuve ma créativité.
C’est donc très naturellement que j’ai observé le récent développement de grandes intelligences artificielles, génératives, et grand-public, au prisme de ma double expérience artistique et technique. J’ai passé deux années depuis la sortie fracassante de ChatGPT par OpenAI en 2022 à réfléchir et analyser le fonctionnement de ce genre d’I.A. et ses conséquences, avant d’écrire les pages qui suivent.
Je fais le choix ici d’aborder le sujet de l’I.A. à la croisée du développement, de la technique, et des métiers créatifs, mes domaines d’expertise, et je n’aborderai pas en détail les impacts sociaux, économiques et environnementaux de l’I.A. Non pas qu’ils ne soient pas importants, bien au contraire, mais les sources d’information sur le sujet ne manquent pas. Oui, l’I.A. peut poser de graves problèmes socio-économiques ; oui, elle est une catastrophe en terme de consommation de ressources naturelles et d’énergie. J’ajoute à ces impacts l’important problème créatif et philosophique posé par les intelligences artificielles statistiques, génératives, et leurs usages.
Lire le glossaire de la Saison 1 autour de l’I.A.
- Beginner’s All-purpose Symbolic Instruction Code, littéralement « code d’instruction symbolique multiusage du débutant », un langage de programmation conçu pour être très facile à utiliser, dont la première version date de 1963. ↩︎
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Commentaires
Une réponse à “I.A. statistique, trou noir philosophique – Préface”
❤️
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